Johann Caspar Kerll (1627-1693) : Missa pro defunctis
Johann Joseph Fux (1660-1741) : Kaiserrequiem
Vox Luminis, L’Achéron, Scorpio Collectief, Lionel Meunier, dir.,
Ricercar RIC368 Code-barres / Barcode : 5400439003682
Jérôme Lejeune termine en ces termes son texte de présentation de ces deux requiem : « Nous voici … en présence de deux compositions de caractères bien différents. La première (de Kerl) est écrite avec les sentiments profonds d’un compositeur qui, au terme de sa vie, pense au repos de son âme ; la seconde (de Fux) est une composition d’apparat qui doit, par sa somptuosité, servir à des offices funèbres impériaux. L’une est intime, l’autre est solennelle. » Lejeune ajoute : « L’image que le temps a fixé du Requiem de Mozart est un peu l’association de ces deux visions ».
Voyons comment ce disque a été accueilli par la critique. Disons d’emblée que cette réalisation de Vox Luminis a été très louangée en général. Nous avons jusqu’à maintenant pu recenser dix critiques.
Du côté de la presse écrite, soulignons que le magazine britannique Gramophone (11/2016) décerne un Editor’s Choice à cet enregistrement. David Vickers est d’avis que « le raffinement (de l’ensemble Vox Luminis) est rien de moins que sublime ». Dans la « Missa pro defunctis » de Kerl, Vox Luminis est associé au quatuor de violes L’Achéron, comprenant entre autres François Joubert-Caillet et Lucille Boulanger. Pour le « Kaiserreqiem » de Fux, on retrouve l’ensemble vocal accompagné des instrumentistes de Scorpio Collectief , jeune ensemble belge fondé en 2009 et dirigé par Simen van Mechelen.
Chez Diapason (# 649 – 09/2016) on décerne un « 5 Diapason » au CD. Sophie Roughol ne démontre toutefois pas un enthousiasme débordant. Elle préfère de toute évidence l’œuvre de Kerl. Selon elle, « Vox Luminis unifie la partition de Kerl ». Quant au Kaiserrequiem de Fux, « Vox Luminis considère l’ouvrage (selon elle) d’un point de vue palestrinien, voluptueux et linéaire », mais hélas, ajoute-t-elle « … nous nous lassons d’admirer la splendeur de leur interprétation ».
Jérémie Bigorie rédige chez Classica ( # 185 (09/2016) une courte critique appréciative de ces deux messes des défunts : « couplage inédit et bienvenu.. ». Il souligne, chez Kerl, la présence « … des deux voix de sopranos, dont les timbres clairs permettent une conduite souple de la phrase, et l’autorité de la basse ». Mais pour le contre-ténor, il note qu’il « … manque d’aisance ». Le CD se mérite une note de 3 sur 5.
Deux autres courtes analyses sont parues du côté britannique. Shirley Ratcliffe pour Choir & Organ (11/2016) et Andrew Green pour Early Music Today (09/2016) tombent d’accord pour reconnaître les grandes qualités de ces enregistrements réalisés dans deux églises distinctes . Ce dernier souligne en particulier la très bonne qualité sonore : « the sound is immaculate, capturing the sense of space the venues offer but with detail never obscured ».
Sur la Toile, nous disposons d’au moins 5 analyses toutes très favorables au travail de Vox Luminis. Chez Culturopoing (09/2016) nous pouvons consulter une autre brillante analyse de Christophe Pucek qui nous fait bien comprendre la portée et le sens de ces deux messes pour les défunts. Selon lui, l’ensemble « … se montre à son avantage dans ce répertoire qui semble taillé à sa mesure et qu’il sert avec autant de sensibilité que de conviction. Toutes les qualités que l’on apprécie chez cet ensemble, mise en place impeccable, cohésion et beauté des voix qui vont d’ailleurs s’épanouissant avec les années, humilité de l’attitude et radieuse intériorité, justesse des intentions et attention scrupuleuse au texte, sont ici présentes ». Seul bémol, « … une prise de son qui gomme les reliefs et estompe les coloris… » dans le requiem de Fux.
Chez ForumOpéra (10/2016), nous disposons d’un commentaire signé Ivan Beuvard. Il n’a que des éloges à l’endroit de Vox Luminis soulignant entre autre chez ces chanteurs leurs « … timbres frais, lumineux » qui font que l’ensemble « … n’a jamais mieux mérité son appellation ». Vox Luminis et ses collaborateurs – L’Achéron et Scorpio Collectief signent « … là un enregistrement qui vaut tant par la qualité des œuvres que par celle, exceptionnelle, de leur interprétation : appelé à devenir la référence (de la) discographie… ».
Chez ResMusica (08/2016) nous avons un commentaire signé de Jean-Baptiste de la Taille et qui est essentiellement descriptif et qui n’accorde que peu d’attention aux détails de l’interprétation jugée tout de même « … de premier plan, soignée, avec un sens du relief, des couleurs (qui) rend cette parution indispensable ».
Sur le site de Presto Classical on peut consulter un commentaire de David Smith (08/2016) tout à fait favorable au CD. Il conclut en nous mettant en garde contre la tentation de voir une filiation directe entre ces requiem et celui de Mozart. Chacune de ces messes des morts « … definitely stand better on their own merits as they do as mere precursors of, or mere models for, Mozart’s K626 ».
Nul doute que les deux compositeurs ont exercé une certaine influence sur les compositeurs des générations suivantes…
Cette interrogation ou préoccupation de la filiation avec l’œuvre inachevée de Mozart revient dans le très étoffé commentaire de Benjamin Ballifh pour ClassiqueNews (07/2016). Il écrit : « Le présent enregistrement, d’une idéale réalisation, pose cette question de la filiation directe qui détermine aussi une certaine tradition viennoise dans le domaine sacré, du XVIIè au XVIIIè. De Kerl à Fux circule une élégance sacrée fraternelle qui annonce – en connaissance intime de la musique, Mozart lequel serait comme la conclusion d’une boucle marquée par le sublime ». « Superbe réalisation » qui se mérite rien de moins qu’un Clic, soit la plus haute distinction de ce site.
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