Revue de presse
Reinhard Keiser (1674-1739) : Brockes-Passion
Z.Toth, J.Van Elsacker, P.Kooy – Vox Luminis, Les Muffatti, dir. P. Van Heyghen
Label : Ramée Référence : RAM1303 Code-barres / Barcode : 4250128513036
(English version follows)
La discographie des œuvres de Reinhard Keiser est relativement courte même si ce compositeur à l’œuvre à Hambourg aurait composé au-delà de 100 opéras et tout près d’une dizaine d’oratorios. Son opéra « Croesus » a été enregistré au début des années 2000 par René Jacobs pour Harmonia Mundi. (Il est inclus dans le boîtier de l’Édition du 50e). « Pomona » est paru chez CPO et « Frédégonde » chez Naxos. Son oratorio « La Passion selon Saint Marc » a fait l’objet d’un enregistrement récemment chez Mirare. Le version de la Brokes-Passion mise en musique par Keiser en 1712 nous est proposée par l’ensemble vocal Vox Luminis sous la direction de Lionel Meunier, accompagné de l’ensemble instrumental Les Muffati, dirigé par Peter Van Heyghen.
Chez Classic @ la Carte nous avons retracé huit critiques consacrées à cet enregistrement de la Brokes-Passion composée par Reinhard Keiser d’après un récit imaginé par Barthold Heinrich Brockes basé sur les quatre évangiles.
Philippe Venturini rédige pour Classica (#163, 06/2014) une critique très élogieuse d’une oeuvre à la « narration intime », « vraisemblablement inspirée par le texte allégorique et souvent précieux de Brockes ». « Les beautés ne manquent pas et rappellent le métier lyrique de Keiser…, elles sont révélées avec un soin qui rend enfin justice à cette musique ». Après avoir souligné la qualité de l’interprétation des divers solistes, Venturi ajoute: « Les voix de Vox Luminis et les instruments des Muffati se montrent comme à l’accoutumé parfaits ». Selon lui cette interprétation devient la version de référence et se mérite conséquemment un ‘Choc’ de Classica.
Gaëtan Naulleau montre au contraire peu d’enthousiasme pour l’enregistrement et juge le tout avec sévérité. Pour lui, Peter Van Heyghen est un « chef sans idée ». Au final on nous propose une interprétation terne, sans éclat: « La distribution a pour mérite sa cohérence. Personne n’essaie d’interpréter, tous s’appliquent à lire la partition en appliquant les recettes attendues. Les airs de colère vocalisés s’agitent dans l’eau bénite, la déploration de Marie au pied de la croix nous ramène au jardin d’enfants, un choeur et un orchestre onctueux flattent l’oreille sans retenir l’attention. Reste Peter Kooij, dont le Christ à demi‑mot gagne un beau rayonnement sur cet écrin lisse ». Son appréciation: une note de 3.
Du côté américain, Barry Brenesal rédige pour Fanfare (38:1, 09/2014) une critique fort appréciative dans l’ensemble tout en critiquant les prestations d’Hugo Oliveira et de de Sara Jäggi dans des rôles mineurs toutefois. Il est toutefois impressionné par l’interprétation de Zsuzsi Toth (fille de Sion), de l’évangéliste Jan Van Elsacker et par celle de Peter Kooij (Jésus) à la voix « de basse profonde et déployée avec suavité ». Les Muffati sont d’après lui l’un des meilleurs ensembles baroque qu’il connaisse. Une réalisation bouleversante (compelling) qui s’impose d’emblée selon ce critique.
David Vickers (Gramophone, 08/2014) est lui aussi gagné à la cause défendue par les Muffati et l’ensemble vocal Vox Luminis. « Cette performance est dirigée dans l’ensemble avec une rhétorique solonnelle idéale et avec intensité dramatique par Peter van Heyghen ». Vickers apprécie tout particulièrement les prestations de Peter Kooij (Jésus), d’Hugo Oliveira et de Fernando Guimaraes (Pierre). Par contre il est moins enthousiasmé par celle de Ssuzsi Toth « … qui fait montre d’un joli chant plutôt routinier », mais il est bien disposé à tout lui pardonner. Il en va de même pour les interventions du choeur.
Sur la Toile on peut consulter trois commentaires très bien documentés et qui sont des plus élogieux à l’endroit de cet enregistrement de la Brokes-Passion de Keiser.
En premier lieu mentionnons le commentaire de Jean-Luc Clairet posté chez ResMusica (10/2014. Selon lui tous les solistes sont excellents sans exception et tout particulièrement l’évangéliste, Jan van Elsacker, et la fille de Sion, Ssuzsi Toth. Il souligne aussi l’excellent travail de « …Peter Van Heygen et son jeune ensemble Les Muffatti (qui) lisent la partition inconnue avec l’humilité émerveillée des défricheurs. La prise de son écoute de près tout l’instrumentarium de Keiser, de l’archiluth toujours fascinant aux flûtes aériennes. On pourrait tout juste souhaiter plus d’effets dans cette exécution qui ramène paradoxalement dans le monde de l’oratorio cette œuvre qui visait l’opéra ».
Autre superbe commentaire, en anglais, de Johann van Veen sur son site Musica Dei donum. « Il serait difficile d’imaginer une meilleure interprétation de cette Brokes-Passion que celle-ci sous la direction de Peter Van Heyghen ». Cette production est en gagnante sur toute la ligne. C’est une vision renversante de la Passion telle que perçue par le poète de hambourg, Brockes.
Finalement terminons en citant de larges extraits du commentaire posté par Jean-Christophe Pucek sur son blog « Passée des Arts ». « … Peter Van Heyghen, Les Muffati et Vox Luminis … livrent une interprétation de grande classe ». « Chaque soliste se montre … parfaitement à la hauteur de son rôle, qu’il s’agisse de l’Évangéliste à l’éloquence parfaitement maîtrisée de Jan Van Elsacker, du Jésus d’une humanité tangible et émouvante de Peter Kooij, dont on sent à quel point est grande sa familiarité avec ce répertoire, mais aussi des personnages qui ne font qu’une brève apparition, tel le Pierre parfaitement campé, tant dans son abattement que dans son espoir retrouvé, par un Fernando Guimarães à la voix solaire et conquérante, l’Âme croyante à laquelle Caroline Weynants donne les ailes qui lui sont nécessaires pour nous toucher, ou les interventions pleines d’énergie et de raffinement d’Hugo Oliveira dans différents personnages ».
Quant à Ssuzsi Toth: « Elle est une Fille de Sion absolument superbe, non seulement grâce à un timbre lumineux, à la fois aérien et charnel, mais aussi à ses capacités à apporter à chacune de ses entrées la variété et le caractère qui conviennent ». Et Pucek poursuit: « Comme on l’imagine, toute la partie chorale est impeccable… La mise en place de la polyphonie est irréprochable, le son d’ensemble conjugue à merveille densité et fluidité, l’engagement est permanent, autant de qualités qui laissent l’auditeur comblé ». Une résurrection de la Brockes-Passion de Keiser parfaitement réussie.
Reinhard Keiser was a famous opera and oratorio composer working in Hamburg at the beginning of the 18th century. He set to music a text written by Barthold Heinrich Brockes based on the Gospel.
Keiser composed more than 100 operas and some 9 or 10 oratorios. His “Passion according to Saint Mark” has been recently recorded and his available on the label Mirare.
The “Brokes-Passion” recorded by the vocal ensemble Vox Luminis and the instrumental group Les Muffati was released in 2014. At Classic @ la Carte we have located eight reviews which are generally favourable to their interpretation, with one exception.
The most enthusiastic is Philippe Venturini of the French magazine Classica (#163, 06/2014) who sees this version as an absolute reference. According to him “ the voices of Vox Luminis and the instruments of the Muffati are just perfect as usual”. The recording is awarded a ‘CHOC’. The reviewer of the other French magazine, Diapason (#627, 09/2014), Gaëtan Naulleau, is of the opposite opinion. He is highly critical of just about every singer, including the chorus. His evaluation: 3 on 6.
Barry Brenesal (Fanfare 38:1, 09/2014) finds this interpretation “compelling” and it is definitely the version to recommend. Similarly, David Vickers of Gramophone (08/2014) is very receptive. He appreciates particularly the work of Peter Kooij (Jesus), Hugo Oliveira and Fernando Guimaraes (Peter).
On the web, two commentaries in French and one in English have been posted. Johann van Veen is of the opinion that it would be impossible to imagine a better interpretation of this Brokes-Passion under the direction of Peter Van Heyghen”. A similar point of view is conveyed by Jean-Luc Clairet of ResMusica. Finally we cannot omit to mention a very thorough analysis provided by Jean-Christophe Pucek on his blog. “Ssuzsi Toth is a daughter of Sion absolutely superb… whereas the choral interpretation is impeccable”. A resurrection of this Keiser oratorio superbly achieved.
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